Super Héros Dom Helder Camara au service des plus pauvres

Assez peu connu en Europe, l’évêque brésilien Dom Helder Camara (1909-1999) est un de ces hommes qui illustrent la force et la beauté d’un véritable engagement spirituel et social.

Avant-dernier d’une famille de 13 enfants, avec des parents intellectuels, il est ordonné prêtre en 1931 à Fortaleza. Bien évidemment, il est sensible à la misère et son cœur est plein de compassion mais un événement va tout changer. En 1955, il a 46 ans et se voit chargé d’organiser à Rio un rassemblement de chrétiens venus des quatre coins de la planète. Le Brésil est le premier pays catholique au monde et deux millions de personnes y assistent. C’est alors qu’il se rend pour la première fois dans les favelas et juge cette misère intolérable. Il recycle alors tout ce qui a été utilisé pour l’événement, estrade, outils, chaises et les distribue aux habitants du bidonville. Quelques semaines plus tard, avec l’appui du gouvernement, il y construit une école et loge une soixantaine de familles.

En 1964, Dom Helder est promu archevêque d’Olinda et de Recife, dans le Nordeste, une des régions les plus pauvres du Brésil. Là, il est affolé par la misère encore plus effroyable qui pousse les paysans à tenter leur chance en ville. Il décide alors de ré-équilibrer les choses, réformant la société de Recife de A à Z. Il refuse par exemple les dons des plus nantis en les engageant à commencer par mieux payer leurs domestiques, et lui-même montre le chemin en quittant le palais épiscopal pour le bidonville.

Dispensaires, micro-crédits, écoles, outils à trouver, émissions de radio pour sensibiliser les populations à la solidarité, il est sollicité en permanence par ces gens qui manquent de tout. Pour tenir, il s’oblige à se lever chaque nuit à 2 heures du matin pour se recueillir un moment dans le silence et la solitude.

1964 est aussi l’année d’un coup d’état militaire au Brésil et cet évêque qui parle partout de la bombe M (de la misère) n’est pas du goût de tous et il devient même interdit de prononcer son nom. « Évêque des Bidonvilles » ou « Évêque des Pauvres », défenseur des droits de l’homme au Brésil, opposé aux tendances conservatrices du Vatican, il est une des figures de la théologie de la libération en Amérique latine.

Il restera en poste à Recife jusqu’en 1985 et, au cours de ses voyages, il dénoncera sans relâche la situation de pauvreté du tiers-monde, les ventes d’armes à son pays, la guerre du Viêt Nam et la violence de la dictature brésilienne. Partisan de la non-violence et de l’éducation à la paix, il n’a de cesse de servir de son mieux ceux qui manquent de tout.

Et à ceux qui le surnommèrent « l’Évêque Rouge », il répond : « Je nourris un pauvre et l’on me dit que je suis un saint. Je demande pourquoi le pauvre n’a pas de quoi se nourrir et l’on me traite de communiste. »



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