Grands Coeurs Sophie Blum


Sophie Blum est maman de deux enfants et graphiste indépendante. Elle partage les changements éducatifs qu’elle vit et les graines de changement qu’elle sème.

"Lorsque j’ai eu mon premier enfant, j’ai commencé à prendre conscience du bénéfice du maternage proximal, ce choix que j’avais fait d’abord parce que j’en avais envie et parce que j’étais certaine que c’était ce qu’il y avait de meilleur pour mon enfant.

Et peu à peu, j’ai perçu la portée plus profonde du chemin dans lequel je m’engageais. Car il faut bien dire que c’est un engagement, un choix. Même si cette attitude paraît naturelle à certains d’entre nous, notre entourage s’en étonnera toujours et nous forcera à y réfléchir : "Il est encore allaité ?", "Tu n’en as pas marre de le porter ?", "Tu as une relation quand même très fusionnelle...", "Ah la mère­louve..." puis "Il négocie beaucoup quand même... ".

Aujourd’hui je répondrais que cette énergie que je donne à mes enfants, je considère la mettre aussi au service de la société de demain. Certains pensent que la bienveillance est une forme de laxisme, comme si l’on ne pensait qu’à éviter les conflits sans se soucier de ce que nos enfants deviendront (des délinquants et enfants-­roi assurément...). Il est pourtant clair que c’est tout l’inverse.

Leur avenir, les futurs citoyens, futurs amis ou compagnons qu’ils seront pour d’autres, j’y pense chaque jour. Et, chaque jour, je vois chez eux des attitudes qui me confortent dans ma certitude qu’ils feront partie de ces adultes qui participeront à faire de leur environnement un monde meilleur, plus juste et plus humain. J’ai espoir que leur esprit sera moins soumis que le mien et qu’en tant que libres­ penseurs bien dans leur vie, ils rayonneront autour d’eux.

Je n’ai pas d’autre projet pour eux que celui d’être heureux. Et ils le seront, j’en suis sûre, dans le respect de l’autre et de la planète.
De réels changements de société s’amorcent déjà à travers des projets collaboratifs, des recherches scientifiques portées à la connaissance d’un plus grand nombre ou des initiatives porteuses d’espoir. Mais la société ne changera profondément que si chacun d’entre nous évolue car c’est bien nous, au quotidien, qui la dessinons.

Je lutte contre la violence éducative ordinaire et en faveur du passage d’une loi, accompagnée de mesures de soutien pour les parents, afin d’interdire les violences physiques et psychologiques sur les enfants. En effet, l’éducation des enfants est pour moi le levier essentiel pour une société moins violente et plus respectueuse : "[...] Les châtiments corporels n’ont pas seulement pour effet de rendre violents ou soumis à la violence ceux qui les subissent, ils affaiblissent leur capacité de compassion (la compassion s’apprend par la compassion qu’on a soi­-même reçue), ls perturbent leur sens moral en leur
faisant confondre le bien et le mal ("je te fais mal pour ton bien") et ils enferment leur intelligence dans des limites qui les empêchent de sortir de la culture de la violence, exactement de la même façon que les femmes qui ont subi l’excision sont les premières à exiger que leurs filles la subissent à leur tour.
Au contraire, le fait que les enfants n’auront pas acquis dès leur plus jeune âge, par la violence éducative, le réflexe conditionné de la violence ou de la soumission à la violence, libérera leur imagination et leur permettra de trouver des solutions de compromis pacifiques aux conflits qui naissent inévitablement des relations humaines.
Le cycle de violence dans lequel l’humanité s’est enfermée en une ou deux générations il y a quelques milliers d’années peut ainsi se rompre, ce qui lui assurera, s’il en est encore temps compte tenu des dégâts déjà causés à la planète, un avenir sensiblement meilleur que ce qu’a été son passé.

Je mets en place de petits supports de communication (notamment à imprimer soi­même) et suis très heureuse d’apprendre que d’autres s’en servent et sont, parfois grâce à cela, passés à l’action pour militer eux­-mêmes plus activement contre les violences "éducatives"."


Sophie Blum est membre du groupe FB « Non à la Violence Éducative Ordinaire » et membre de l’OVEO. Elle rend visibles ses actions sur le site stop-veo.fr ainsi que sur celui de l’OVEO.

CItation extraite de : Des origines de la violence éducative à l’espoir de sa fin, Olivier Maurel, 2002.


Portrait suivant → ← Portrait précédent

Apprentissage   Communication   Paix 

Plus de Grands Coeurs